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70ème anniversaire de la Sécu

Les discours officiels seront vibrants, les citoyens, souvent tenus en lisière au prétexte de l’expertise nécessaire, assisteront-ils à des célébrations où l’emphase estompera les actes, où l’histoire sera plus exaltée que le futur, où le politique cèdera au médiatique ? Pourtant les citoyens mesurent que s’agissant de la Sécurité sociale l’enjeu est davantage l’équilibre de la société que l’équilibre des comptes, qu’il y a plus à redouter la faillite des principes solidaires que la faillite comptable. Ils savent que la Sécurité sociale doit être tenue à distance tant de l’assurance de marché que de l’assistance d’Etat.

La Sécurité sociale a une fonction de répartition solidaire et d’atténuation des inégalités. Elle l’assume d’autant mieux que l’économie et l’emploi sont dynamiques, mais d’autant plus difficilement que la croissance est en panne et corollairement le chômage au plus haut. Les 30 glorieuses de l’économie française furent aussi celles de la Sécurité sociale.

Or les risques sociaux deviennent structurels. Ils appellent une solidarité nationale plus effective. Le chômage marque durablement de son empreinte des millions de personnes, de toutes générations. La part des maladies chroniques ne cesse de s’accroître. L’allongement constant de la durée de la vie a un impact certain sur les dépenses de retraite et de santé. Les ruptures sociales et familiales créent des précarités nouvelles. Les équilibres antérieurs de solidarité intergénérationnelle et de financement de la sécurité sociale sont mis en bascule. Les approches sectorielles n’ont plus cours, une vision globale des solidarités et des risques sociaux est nécessaire.

Les interrogations sont lourdes : comment perpétuer le « contrat républicain » de solidarité intergénérationnelle alors que la croissance fait défaut, que les inégalités s’accroissent ? Comment renouveler le « pacte intergénérationnel » alors que la démographie bouscule l’équilibre des âges ?

Le baromètre de la cohésion sociale du CREDOC met en exergue une déprise de la société : « le souhait d’un modèle social où l’individu jouerait un plus grand rôle, les individus n’ont jamais autant compté que sur eux-mêmes, la protection sociale apparaît moins essentielle …  La permanence de déficits annuels records sécrète le discrédit de l’institution solidaire, l’accroissement continu d’une aussi lourde « dette sociale » nourrit l’angoisse du lendemain. La Sécurité sociale, aujourd’hui, n’est pas durable. La Sécurité sociale est victime de la désinvolture des gouvernements. La responsabilité politique serait de faire voter au Parlement, non une loi annuelle de financement (LFSS), mais une loi quinquennale de retour à l’équilibre.

La Sécurité sociale fut une proclamation de confiance en l’avenir, une heureuse conjugaison de l’économie et du social, de la production et de la protection. Un creuset de droits et d’égalités, un ciment républicain. Telle volonté, telle nécessité n’est-elle pas de mise aujourd’hui encore ?

Jean-Michel LAXALT

Président de l’Institut Montparnasse

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